Dans la commune de Kelle, à environ 45 km au sud de Dakar, un collectif de femmes s’est constitué sous forme de GIE pour développer la production de fruits et légumes grâce à la permaculture afin de répondre aux besoins urgents d’autonomie et de ressources alimentaires de la communauté.

Contexte

Dans les années 1990, les femmes de pêcheurs de Kelle avaient développé un potager afin de diversifier leurs activités et avoir de nouvelles sources alimentaires et de revenus, la culture principale était alors le bisap. Toutefois, en raison de l’exode des populations et du manque de moyens financiers pour l’achat de matériel agricole, cette activité a été arrêtée.

Les familles du village ne vivaient plus que des revenus de la pêche, pratiquée uniquement par les hommes, ressource qui s’est raréfiée en raison de la surpêche, et a quasiment disparu ces dernières années. La dégradation des ressources marines et terrestres a ainsi aggravé l’insécurité alimentaire des habitants et habitantes, déjà vulnérables en raison d’un développement local limité et d’une pauvreté qui touche 80% de la population.

Le projet

Le projet Djiguenou Tay consiste en la création d’un potager bio dans la commune de Kelle, afin de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire locale.

Le potager sera développé grâce aux techniques des micro-jardins, associées à l’approche de permaculture, pour transformer un terrain semi-aride en un jardin viable qui fournira au village les produits pour une alimentation de qualité et en quantité suffisante. Le projet permet également de renforcer la structuration du GIE “Femmes d’avenir” et de soutenir la professionnalisation des femmes grâce à des formations en bureautique, gestion, comptabilité et agroécologie. La question de l’eau est également abordée, puisque l’association assure un lien avec des instituts de recherche agronomiques français et africains, et avec l’université de Dakar. L’approvisionnement en eau du potager sera assurée par un puit, et par l’installation d’un système de récupération d’eau, appelé Warka Tower.

Ce projet repose sur une équipe très soudée, qui a beaucoup d’idées et de créativité pour trouver tous les jours de nouveaux donateurs.

Les politiques et lois nationales sont un atout car elles favorisent et mettent en valeur le projet Djiguenou Tay. L’aspect environnemental et social sont des points forts à valoriser afin d’obtenir davantage de soutien.

L’accompagnement de Yobalema

Dans le cadre du projet Djiguenou Tay, le collectif de femmes a demandé à l’Association Yobalema de les accompagner dans la création et le développement de ce potager.

Pour cela, l’association s’est appuyée sur le Plan Sénégal Emergeant 2035, qui soutient les micros-fermes agricoles en faveur de la souveraineté alimentaire, ainsi que sur le plan alimentaire de Rufisque écrit par le GRDR, (ONG française qui œuvre en faveur du développement en Afrique de l’ouest).

Ce plan alimentaire territorial se structure en plusieurs axes majeurs dont un est de sécuriser, accompagner et soutenir les exploitations agricoles familiales afin d’assurer l’accès à une alimentation de qualité et de proximité dans les familles du territoire et en milieu scolaire.

Économiquement, Yobalema est à but non lucratif et soutient ce projet grâce aux dons, à des campagnes de collecte réalisées en 2017, au soutien des bénévoles au sein de l’équipe, aux subventions d’organisations diverses (Fondation Raja, la Région Nouvelle Aquitaine, comité d’entreprise de Thales et Actions Sociales EDF, …).

Des partenariats ont également été noués avec d’autres associations, comme Kokopelli qui a offert cette année 110 sachets de semences de céréales, plantes médicinales, fleurs et aromatiques.

Réalisations ( – ) et impacts

  • Achat d’un terrain et mise à disposition du GIE
  • Construction des murs d’enceinte, du local technique et d’une case centrale
  • Réalisation d’un forage pour le puit
  • Formation des femmes du village à l’agroécologie et à la permaculture par un formateur agréé local : Kalifa Diallo
  • Plantations et cultures de fruits et légumes pour consommation des familles et revente pour génération de revenus
  • Formation en bureautique de 3 femmes du bureau de l’association

Sur le plan écologique, le bilan est positif car le projet se fonde sur la protection de l’environnement. La pratique de l’agroécologie et de la permaculture est au cœur du projet. Djiguenou Tay invite les écoles dans des projets artistiques qui sensibilisent à l’écologie et à la protection de l’environnement. Le but est de sensibiliser les plus jeunes à la cause écologique.

Socialement, Djiguenou Tay a un effet positif sur les femmes du projet qui leur offre une réinsertion dans la vie sociale du village avec l’opportunité d’un travail et d’une activité économique. Des ateliers de wolof, de français, ainsi que des cours de danse, de musique et de cuisine permettent aux femmes d’acquérir de nouvelles connaissances mais aussi de transmettre leurs savoirs aux participants des voyages artistiques et culturels et des chantiers participatifs qui sont organisés.